Se mettre en retrait fertile
En s’éloignant du visible.
Voir ses repères qui vacillent,
A perdre son essence subtile.
Voyager, s’exiler, s’isoler vers un ailleurs. Découvrir la terre rouge, l’odeur des pins, les côtes rocheuses, la mer cristalline. Rencontrer les lieux, les éléments, les êtres. Savourer le bonheur et la joie de concrétiser un rêve de plusieurs années. Une île inspirante alliant spiritualité, créativité, liberté.
Et pourtant… ne pas vivre le rendez-vous imaginé. Pas d’attente ou trop d’attentes ? Ni l’un ni l’autre. Juste la perte de ses propres repères, de son système de perception interne. Les sens ne captent plus comme à l’accoutumée, la curiosité ne semble pas rassasiée et l’acuité du goût s’est étiolée…
Le gâteau d’émerveillement s’offre, magnifique, dans son plus bel apparat. Mais je ne parviens pas à en saisir la palette de saveurs. Mes capteurs sensoriels sont muets. Je prends conscience d’une transformation qui me traverse, qui se joue de moi, qui se joue en moi. Je suis en mutation.
L’île me renvoie le reflet d’une personne que je ne reconnais pas. Je suis venue me retrouver alors que j’ai la sensation de me perdre. Au milieu de ce maelström émotionnel, scintille l’espoir d’une nouvelle mue identitaire. Le cœur de mon vivant, lui, continue de rayonner dans sa plus pure nudité.
Le champ de l’inconnu s’ouvre…
Un rapport au monde autre,
Un rapport à moi différent.